Chers (é)lecteurs, chères (é)lectrices,
D’abord, je vous remercie pour votre soutien et votre patience. Cela fait 3 semaines que je ne publie plus ici…je ne vous ai pas oublié, mais j’ai été prise par d’autres choses (principalement la sortie du film les Survivantes auquel j’ai participé) et j’avais besoin de temps pour observer les réactions et digérer les événements avant d’en faire l’analyse…et puis j’avais vraiment besoin de faire une pause.
Quelques membres du collectif citoyen à Bruxelles
Le résultat des élections
Si Collectif Citoyen a augmenté ses scores par rapport à 2019, le résultat est faible par rapport aux espoirs d’obtenir un ou plusieurs élus: moins de 2% à Bruxelles, un peu plus en Wallonie. On peut saluer la région de Luxembourg où Collectif Citoyen a presque remporté un siège.
Malgré le fait qu’on nous a largement boycotté dans les médias, (la seule mention me concernant est venue du site de la RTBF qui a affirmé que je me livre “à de la désinformation active”) et que nos affiches ont “tardé à être collées” sur les panneaux, j’ai l’impression d’un grand décalage entre toutes les personnes qui ont dit vouloir me/nous soutenir et le résultat affiché des votes, en particulier les votes nominatifs.
C’est donc une fameuse déception…pour autant que les résultats soient fiables. Même si cela fait ‘mauvais perdant’ de dire ça, il faut oser soulever la question.
À Bruxelles et en Flandres (où nous n’étions pas représentés) plus de 230 machines de vote sont tombées en panne (pour la Belgique, c’est beaucoup), des bulletins ont été mal distribués. Plusieurs partis (dont l’Open VLD du 1er ministre sortant, Voir U, ou la Team Fouad Ahidar à Bruxelles) ont déjà demandé que l’on recompte les voix.
Seul hic: ce sont les parlements fraîchement élus qui valident le processus. En 2020, la Belgique avait même été condamnée sur cette question par la Cour européenne des droits de l’homme.
Mais il faut dire que cette année, les résultats sont assez inhabituels, notamment la concentration de votes entre quelques gros partis de droite (le MR et la NVA), alors que depuis des décennies le tableau post-électoral est toujours très morcelé. En général, il faut des mois de négociations pour dégager une alliance et former un gouvernement. Cette fois, vu la majorité “écrasante” de 2 partis qui représentent le programme mondialiste “pro-guerre, pro-pharma”, tout se passe en accéléré. Inhabituel, voire suspect.
À l’avenir, faut-il que chacun demande à ses électeurs de lui envoyer un mail avec une photo de son vote? (j’aurai du le faire!) Quel que soit notre futur mode de décision et de gouvernance, garantir le processus électoral est évidemment la condition première de tout système démocratique…affaire à suivre!
Une campagne inattendue…
Beaucoup me diront que de toutes façons, plus personne ne croit à la politique, que l’on triche partout et qu’il n’y a aucun intérêt à voter pour élire les marionnettes d’un système représentatif qui n’a rien à voir avec une véritable démocratie.
Je comprends. Comme l’a gentiment rappelé Jean-Dominique Michel, l’idée était bien de rallier nos forces pour aller au charbon et tenter de changer les choses de l’intérieur. Il est évident que système actuel s’effondre. Il s’agit simplement de faire de son mieux pour réduire la violence et le chaos qui s’annoncent.
J’ai écouté une voix intérieure, celle que je suis pour essayer d”être où il faut, quand il faut” et, au lendemain de cette décision, à la mi-avril, j’ai compris que j’allais devoir intégrer la dénonciation des réseaux pédocriminels à ma démarche, puisque c’est à ce moment que Pierre Barnérias a confirmé la sortie du documentaire “Les Survivantes” auquel j’ai participé durant plusieurs mois.
Il est évident qu’en Belgique, parler d’un tel tabou au sein d’un mouvement politique est impensable. D’un point de vue personnel, cela m’a donc poussé à être fidèle à mes convictions; à “Parler vrai et agir en conscience”. C’est d’ailleurs la seule chose que je puisse promettre.
Je ne crois pas au hasard, je me suis donc dite qu’il fallait assumer et y aller…Et, j’ai été très heureuse de voir que la plupart des candidats du mouvement Collectif Citoyen ont soutenu cette initiative. Cela m’a vraiment rassurée sur le fait qu’il existe une volonté commune d’en finir avec cela, que le moment est venu pour notre société d’affronter ce problème.
J’entends bien la crainte d’une instrumentalisation (comme le suggère Anneke Lucas dans cet entretien) de cette cause au ‘profit’ de manoeuvres et de partis politiques. Tout d’abord, je rappelle que l’on est pas aux États-Unis, que je ne suis pas en train d’annoncer la venue d’un(e) candidat sauveur à la Trump qui va ‘nettoyer le marais’, ni en train de lever de l’argent. Je me fiche d’avoir un rôle public quelconque qu’il soit politique ou associatif et je n’ai promu personne en lien avec ce sujet. Par contre, je me dis que si l’on désigne le problème et ses acteurs, dans la mesure où ceux-ci font partie du système de gouvernance, il faut mettre des idées sur la table pour changer les choses.
La démocratie participative…tout de suite!
Cela me pousse donc à chercher des solutions pour lutter contre ce réseau de chantage et ‘changer le système’. Par exemple, je pense que parmi les instruments de la démocratie participative, les notions de transparence et de tirage au sort devraient pouvoir être appliquées partout où l’action du gouvernement, des institutions publiques et des ONG subsidiées doit être contrôlée.
Le contrôle externe des différents organes et lieux de pouvoir doit être exercé par des citoyens et non plus par des soit-disant ‘d’audits indépendants’ ou des commissions parlementaires, dans lesquelles plus personne n’a confiance. Il n’est pas nécessaire pour cela d’attendre de réécrire toute la Constitution. On peut déjà commencer à mettre en place de manière progressive pour faire appliquer les lois en vigueur et sanctionner ceux qui les violent. Ce serait un excellent début.
La suite du Collectif Citoyen
Les règles de la démocratie participative (voir par exemple le travail d’Etienne Chouard) diffèrent fondamentalement de la démocratie représentative, en ce qu’elles ont pour objectif de recueillir le consentement de chacun pour élaborer les lois et la gouvernance commune, plutôt que de ‘choisir quelques maîtres’ qui décideront au nom de tous. Ceci entraîne de facto une méfiance légitime, voire un rejet des individualités, puisque l’on se trouve dans un idéal où, a priori, “personne n’a de légitimité à s’exprimer au nom des autres”. Mais, paradoxalement, parmi ceux qui contestent le plus ce pouvoir oppresseur et revendiquent un système plus participatif, on compte justement beaucoup de fortes personnalités.
Quelques mois avant les élections, le Collectif a intégré de nombreuses “grandes gueules” qui se sont opposées de manière publique et frontale au gouvernement actuel, sans avoir le temps, ni les moyens de préparer une campagne bien coordonnée. Résultat: l’on a donc assisté au rush d’une horde qui fonce tous azimuts, chacun faisant campagne à sa manière et avec ses propres moyens, face à des légions bien rodées à leur “communication de parti”.
Le leurre des “batailles d’égo”
Collectif Citoyen est un mouvement naissant qui souffre de manque d’organisation et qui n’est pas encore parvenu à fonctionner de manière efficace selon ses propres principes. Il est difficile de s’organiser dans un système qui conteste l’idée de leadership, tant qu’une forme de gouvernance collective n’est pas encore pleinement opérationnelle. C’est toute la difficulté de la transition d’un système à l’autre. Beaucoup ont donc été déçus par ce manque de maturité.
Je vous partage ici la vidéo de Muriel Hubin, qui a réalisé un très beau score au Luxembourg, tout en mettant l’accent sur les aspects collectifs de la campagne. Je pense qu’elle résume bien l’opinion de beaucoup de membres et candidats de CC au lendemain des élections.
Outre les difficultés de gestion au sein du collectif, beaucoup ont donc aussi attribué les échecs du groupe aux “gros égos”, à ceux qui ont fait une campagne plus “personnelle” ou qui ont été plus visibles (j’en fais partie). (Voir aussi l’article de Bernard Van Damme sur Kairospresse qui reproche aux petits partis leurs querelles internes, là où des objectifs communs auraient dû les rassembler).
Certes, mais si l’on invite ou accepte des personnes plus connues et des grandes gueules sur une liste, est-il réaliste de leur demander de se mettre en retrait face au collectif? Par ailleurs, l’on a bien vu qu'il y avait au sein du mouvement de “modestes” gardiens de l’idéologie, qui ont en réalité passé tout leur temps à saboter leurs collègues, jalousement traités de ‘sachants’.
Une note d’espoir
Tout cela illustre effectivement que l’on ne vote pas que pour des idées, des règles et des concepts. N’en déplaise aux puristes, ces principes s’incarnent à travers les gens qui les portent et les expriment. Derrière les mots, ils nous faut connaître les humains qui leur donnent vie.
Parmi tous les petits partis engagés dans une forme de démocratie participative, je pense que le Collectif Citoyen est celui où les gens sont le plus éveillé quant au degré de corruption de la “gouvernance” actuelle.
C’est donc un juste équilibre à trouver entre ‘un système’ et ses idéaux, et la conscience et les qualités des personnes qui y adhèrent. Pour ma part, je trouve qu’il faut veiller à ce qu’un ‘collectif’ ne mène pas à la négation de l’identité individuelle, à une forme d’interdiction de l’expression de soi, mais à ce que l’on prête aussi attention aux qualités et contributions personnelles de ses membres. Sinon, c’est risquer de rouvrir la porte au totalitarisme que l’on cherche à éviter.
Pour finir, j’ai aussi rencontré de très belles personnes au sein du Collectif Citoyen et grâce à cette campagne de nombreux liens ont pu se tisser. Je suis confiante dans le fait que ce réseau de personnes engagées et constructives pourra apporter un changement positif dans notre paysage politique.
En vous remerciant tous pour votre patience, votre compréhension et votre soutien dans cette aventure,
A très bientôt
Senta