Peut-on 'Sortir' de l'autisme? Interview de Senta Depuydt (2016) + commentaire actuel
Commentaire du 28 mars 2023.
J’ai choisi de republier cette interview qui date de 2016 pour remettre les choses dans leur contexte, et parce que l’on me sollicite encore régulièrement à ce sujet. Avec le recul, je souhaite y ajouter un commentaire.
D’une part, les espoirs que j’avais de pouvoir changer les politiques de prise en charge des enfants se sont envolés, vu le harcèlement qui a été pratiqué envers les familles, les médecins, les chercheurs et tous ceux qui ont voulu améliorer la condition des enfants par des approches biomédicales. Cette situation est un peu comparable à ce qui a été vécu avec l’interdiction de soigner les personnes pour le Covid. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait rien à faire, mais il ne faut absolument rien attendre de quelconques autorités ou experts, et le lynchage de toute personne qui entreprend de telles démarches est systématique.
L’autre chose, c’est que mon témoignage a été sujet à d’intenses controverses concernant la définition de l’autisme et qu’il a été instrumentalisé par de nombreuses personnes, pour défendre leur point de vue, quel qu’il soit. A l’époque, j’avais utilisé le mot ‘guérir’. C’était une erreur, car c’est un mot qui choque à outrance, divise les opinions et ferme des portes au lieu d’en ouvrir. Ensuite, j’ai dit ‘sortir de l’autisme’, et cela a encore déchaîné des controverses d’une violence extrême. L’on m’a traitée de ‘validiste’, et comparée à Mengele. Les ‘validistes’ sont des personnes “condamnables” car leurs efforts pour “sortir de l’autisme” est considéré comme une incapacité à aimer leurs proches avec un handicap et sont assimilés à une forme de maltraitance ou de mise en danger (cette argumentation est semblable à ce qui s’est passé avec le Covid où traiter les patients Covid avec des vitamines ou des médicaments existants a été interdit ou fortement déconseillé).
Voici donc ma position, sur le sujet: quelle que soit la condition de son enfant, chaque parent a trois missions: l’amener vers l’autonomie, développer ses capacités et veiller à son bien-être, corporel et psychique. Cela vaut pour un enfant ‘neurotypique’, comme pour un handicapé sévère, et c’est dans ce cadre que toute approche doit s’inscrire.
Alors, peut-on ou non ‘sortir de l’autisme’? Partant de l’expérience vécue avec mon fils, il y a trois possibilités pour décrire son cas. 1) Il a été autiste et l’est toujours, mais que cela ne se remarque plus, ou 2) il avait tous les traits d’un autiste pendant plusieurs années, mais finalement il ne l’était pas vraiment, c’est pour cela que les ‘traitements ont fonctionné’ 3) il était autiste et ne l’est plus.
Et bien que chacun choisisse la conclusion qui l’arrange. Personnellement, trancher cette question ne m’intéresse pas (et mon fils non plus). Pour nous, ce débat est une perte d’énergie monumentale. Tout ce que je sais, c’est que ce que j’ai mis en place l’a aidé à retrouver la parole, des compétences intellectuelles, un contact visuel, des interactions sociales, et que cela a mis fin à ses comportement d’auto-mutilation, à ses crises, aux stéréotypies, aux insomnies, aux cris et à tout ce qui le plaçait dans la sphère des troubles autistiques. Je peux vous dire que mon enfant m’est sincèrement reconnaissant de lui avoir ‘imposé’ tous ces traitements.
Aujourd’hui, il a 20 ans. Il est passionné par ses études de cinéma, a des amis, fait du sport, il est bien dans sa peau et c’est tout ce qui compte. J’ai vu d’autres enfants progresser grâce à notre témoignage, et j’en suis heureuse. J’ai malheureusement aussi vu des enfants pour lesquels les résultats ont été plus modestes. Mais qui peut savoir comment chacun va évoluer ?
Ce que j’ai certainement compris, c’est que le monde a choisi de sacrifier ses enfants au profit de l’industrie pharmaceutique et de la doxa d’une médecine de moins en moins humaine. Aujourd’hui, les seules personnes en mesure de protéger les enfants sont leurs parents. Que ceci soit leur priorité absolue, peu importe les politiques, les recommandations et les interdits.
Interview parue dans Enquêtes de santé N°34 - septembre/octbre 2016 suite à l’organisation du Congrès “Sortir de l’Autisme. Recherches & témoignages de pratiques médicales efficaces” à Paris les 30 et 31 janvier 2016.
Pr Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, Dr Natasha Campbell- McBride, Dr Maria Jesus Clavera, Dr Philippe Raymond, Dr François Berthoud, Dr Corinne Skorupka, Dr Silvia Reig, Dr Didier Grandgeorge, Dr Martha Herbert, Dr Joël Spiroux, Pr Jacques Estienne, Senta Depuydt et Dr Olivier Soulier.
«Sortir de l’autisme, c’est possible»
Senta Depuydt est journaliste et organise des conférences dans le domaine de la nutrition et des nouvelles pédagogies. Confrontée à l’autisme, elle a aidé son fils à recouvrer la santé avec un médecin attaché à l’Autism Research Institute (USA), spécialisé dans les traitements «biomédicaux».
En janvier dernier, elle a organisé le congrès européen «Sortir de l’autisme : recherche et témoignages de pratiques médicales efficaces» à Paris avec le Dr. Olivier Soulier, afin de faire le point sur les nouvelles possibilités de traitement, trop peu médiatisées. Elle témoigne ici de son expérience.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre fils ?
Matteo, notre second enfant, a eu un développement normal jusqu’à l’âge de 1 an et demi environ. C’était un enfant facile, un bébé joyeux en bonne santé qui grandissait bien. Il tenait assis à 5 mois, marchait à 12 et avait ensuite acquis jusqu’à une centaine de mots. Il n’était jamais malade, à l’exception de deux épisodes de fortes fièvres à la suite de ses premiers vaccins (Tetravac). Par précaution, nous avions décidé de nous en tenir au minimum et de postposer la suite du programme conseillé.
Vers deux ans, Matteo reçoit deux rappels de vaccins : le premier pour la polio et le deuxième, trois semaines plus tard, pour le tétanos. Là, Matteo ne fait pas de forte fièvre, mais il devient difficile et cela s’aggrave peu à peu pour devenir infernal en deux mois. Il ne participe à rien et ne joue pas avec les autres à l’école. À la maison, tout devient cauchemar : l’habiller, monter ou descendre de la voiture, il se cache sous la table ou dans un coin du jardin, il ne joue plus, il ne communique avec personne... La situation se dégrade progressivement.
Un jour, Matteo entre dans la cuisine, il a soif et regarde le jus de pomme auquel il est accro. J’essaye de l’obliger à parler : «Dis un seul mot, jus ou pomme et tu l’auras». Je refuse de céder, mais plus j’insiste, plus il se fracasse la tête. Puis tout d’un coup, je comprends, ressens chez lui un profond désespoir... Les mots ne sortiraient pas, ce n’était pas possible, c’était bloqué...
Je prends alors conscience de ce fait terrible : ce n’est pas que Matteo ne veut pas parler, mais bien qu’il en perdu la capacité.
C’est à partir de ce moment là que nous avons cherché un diagnostic. Selon les experts on l’a classé dans les «troubles du développement à tendance autistique» ou l’«autisme de forme régressive».
Les premiers symptômes sont apparus peu après deux rappels de vaccins, qu’en déduisez-vous ?
On ne peut pas affirmer que la vaccination soit une cause de l’autisme. L’autisme est clairement multifactoriel. Dans ce cadre, parler de cause est simpliste et réducteur, surtout devant un phénomène aussi complexe. En revanche, je n’ai aujourd’hui absolument aucun doute sur le fait que les vaccins puissent être des facteurs qui déclenchent ou aggravent les troubles biologiques liés à l’autisme : déficit immunitaire, métabolique, inflammation cérébrale.
C’est particulièrement le cas dans l’autisme dit ‘régressif’ qui concernerait près d’un enfant sur trois. Je connais plusieurs cas de régression flagrante : en l’espace de quelques heures ou jours après la vaccination, on voit apparaître des crises d’épilepsies, des troubles respiratoires, un enfant qui hurle de manière ininterrompue jour et nuit. L’enfant peut très vite perdre la marche, le langage, le contact visuel, tous ses acquis.
Mais la plupart du temps, c’est un scénario différent. Les vaccins sont suivis d’épisodes de maladies infectieuses comme les otites, bronchites, angines, gastroentérites à répétition. Il y a un affaiblissement constant qui freine le développement de l’enfant et finit par le faire régresser, surtout s’il y a déjà un terrain fragile avec de l’asthme et des allergies.
C’est ce scénario que nous avons vécu avec Matteo qui a enchaîné les otites séro-muqueuses après les rappels de vaccins, mais j’ai reçu des dizaines de témoignages avec des histoires similaires.
Malheureusement, le lien entre autisme et vaccination reste un tabou absolu, y compris dans les médias. Il s’agit pourtant d’une des plus grandes fraudes de l’histoire de la médecine. La fameuse étude des Centers for Disease Control (CDC) qui avait soi-disant «définitivement mis fin au débat sur un lien possible entre l’incidence de l’autisme et le vaccin ROR» a été falsifiée de l’aveu de William Thompson, son principal auteur (voir le documentaire Vaxxed). Les chiffres qui indiquaient au départ une augmentation du risque de 340% ont été manipulés pour finalement conclure qu’il n’y avait aucun danger possible. Et c’est sur cette étude que l’OMS et ensuite nos politiques de santé fondent leurs recommandations.
C’est un crime bien plus important que les Panama Papers, où finalement il ne s’agit que d’argent. Ici, ce sont des vies humaines qui sont en jeu.
Malgré cela personne n’en parle. Tout va bien. Nos autorités répètent inlassablement que «La vaccination, ça ne se discute pas». Il n’y a qu’à voir ce qui se passe avec le professeur Joyeux, dont le discours est pourtant extrêmement modéré. En réalité, il s’agit d’une tragédie humaine à l’échelle planétaire, mais la manière dont les dommages vaccinaux sont ou plutôt ne sont pas pris en charge est tellement honteuse qu’on arrive pas à y croire.
Quels sont les facteurs impliqués dans l’autisme ?
Ce sont principalement :
1) Les facteurs génétiques : on a longtemps tenté d’identifier LE ou LES gènes de l’autisme, mais au jour d’aujourd’hui, plus de 100 gènes ont été mis en cause, qui ne sont pas nécessairement prédictifs de l’autisme. Même dans les syndromes spécifiques, comme par exemple le syndrome de Rett ou de X-fragile, il va falloir chercher au- delà. Comment expliquer alors que nombreuses personnes ayant également ces délétions ou mutations génétiques soient en bonne santé ?
Chez mon fils, sur trente gènes analysés, dix-huit présentaient des déviances. Heureusement, nous n’avions pas commencé par là ! On aurait peut-être baissé les bras en pensant : «c’est génétique, il n’y à rien à faire»... Alors qu’en intervenant sur les facteurs épigénétiques, l’expérience prouve que l’on peut souvent y faire quelque chose. Quand on fait des analyses, il faut toujours se demander quelle information utile on pourra en retirer pour améliorer la situation. S’il y a un problème avec tel gène, peut-on essayer de compenser, par exemple.
2) Une intoxication aux métaux lourds - ce qui était le cas de Matteo, fortement intoxiqué au mercure et au plomb -, mais on peut aussi retrouver d’autres métaux comme l’aluminium ou le cadmium, et d’autres toxiques comme les PCB, phtalates, bisphénol, et autres perturbateurs endocriniens. Plus récemment, on voit aussi des produits radioactifs.
3) Une mauvaise flore intestinale, toute une série d’infections chroniques.
4) Les facteurs déclencheurs : une maladie, un accident qui mène à l’hospitalisation et à une intervention sous anesthésie, un ou plusieurs vaccins, mais aussi des blessures psychologiques. Le facteur de stress est très important.
Le stress oxydant, les carences nutritionnelles vont déclencher des problèmes aux niveaux sensoriel, psychologique et comportemental. Le comportement de l’enfant autiste est le reflet de tout ce chaos biologique intérieur.
Pour illustrer la survenance de l’autisme, j’utilise l’image du baril de poudre. Le baril, c’est la charge toxique reçue in utero (plus de 300 polluants en moyenne dans le cordon d’un nouveau-né). La mèche, c’est l’empreinte génétique. Elle est sèche ou «inflammable» selon l’environnement (ali- mentation + pollution + ondes électromagnétiques) : c’est l’épigénétique. Et il y a les allumettes, les facteurs déclencheurs : un accident, une maladie, un vaccin, un traumatisme psychologique. Parfois la situation «explose» et tout se dégrade, comme dans l’autisme régressif et parfois les dégâts commencent déjà avant la naissance.
Il s’agit d’un nouveau modèle de l’autisme qui n’est ni une psychose infantile, ni le résultat d’un développement cérébral anormal génétiquement programmé.
C’est ce qu’affirme le Dr Martha Herbert, professeur à Harvard Medical School, et spécialiste de l’étude de la taille du cerveau chez les autistes.
Après avoir exploré les hypothèses génétiques au début de sa carrière, elle estime aujourd’hui qu’il s’agit plutôt d’un problème de type fonctionnel que structurel. Le cerveau est dans un état d’inflammation chronique, ce qui empêche un fonctionnement optimal. Et la bonne nouvelle, c’est qu’en agissant sur ces paramètres, on peut améliorer voire même renverser la situation.
C’est d’ailleurs ce nouveau modèle que nous avons voulu présenter lors notre congrès et c’est pour cela que cette conférence est à disposition de tous sur le site du congrès
Parlons en justement ! Quels étaient les enjeux de ce congrès ?
Avant toute chose, apporter des nouvelles pistes et des solutions concrètes aux familles et aux médecins. À l’heure actuelle, ces nouvelles interventions, qui peuvent se révéler très bénéfiques, ne sont absolument pas intégrées dans les programmes de prise en charge de l’autisme. Bien au contraire, on les rejette avec dédain, par orgueil, ignorance ou intérêt à coups de «mythes, charlatan, pseudo-science». C’est inadmissible, car l’information scientifique est là. Tout est là pour avancer : les études, la pratique médicale et beaucoup de témoignages concrets.
De nombreuses familles peuvent témoigner du fait que leur enfant a progressé et parfois même retrouvé une vie normale par une prise en charge médicale adéquate, une meilleure alimentation et un environnement sain.
Nous avions à cœur d’ouvrir un maximum de possibilités et de montrer que si tous ces médecins s’emploient à traiter les problèmes d’immunité, d’infections chroniques et de métabolisme, ignorés par leurs confrères, dans la pratique les modes d’intervention sont parfois très différents.
Il ne s’agit pas de faire l’apologie d’un protocole ou d’un médecin en particulier, et on n’est pas là pour promettre des miracles, mais pour réunir un maximum d’éléments au service d’une cause.
Enfin, au-delà de ces objectifs, nous voulions alerter l’opinion et les pouvoirs publics, les amener à faire le lien entre l’augmentation de certaines pathologies, dont l’autisme, et ce qui se passe dans l’environnement. C’est pour cela que nous avons programmé une intervention sur les intoxications aux métaux, une autre sur les perturbateurs endocriniens (sujet exposé par le Dr Joël Spiroux, président du CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique) et une troisième sur la manière de les traiter.
Comment avez-vous aidé votre fils à recouvrer la santé ? Comment avez-vous eu connaissance de l’Autism Research Institute (ARI) et de ce médecin qui l’a soigné ? Grâce à des recherches faites sur internet. Je suis tombée sur le site de cet institut américain3 qui propose tout un portail d’informations sur l’autisme. Il y figure des dizaines de conférences médicales sur les facteurs biologiques de l’autisme et les nouveaux traitements. Nous avions aussi regardé des vidéos avec des témoignages extraordinaires d’enfants qui s’en sont sortis grâce à une approche dite «biomédicale». Je me souviens notamment d’un petit garçon, plongé dans son monde, condamné par les médecins, mais dont les parents n’avaient jamais perdu espoir. En démarrant ce traitement, ils espéraient simplement qu’un jour leur fils serait capable de prononcer «papa» et «maman». Quelques années plus tard, il leur lisait un poème qu’il avait lui-même composé...
Dans ces vidéos, il était question de régimes, de nutrition, d’intoxication aux métaux. On avait du mal à y croire, mais on ne perdait rien à essayer. Si une seule chance d’en sortir existait, il fallait la saisir.
On a commencé un régime sans lait, sans gluten, sans soja et sans sucre. Pour moi c’était un revirement à 180°... Je n’avais jamais accordé le moindre crédit à tout cela. Fille de psychanalyste, professeur à l’université, ayant moi-même sept ans d’analyse derrière moi, je voyais tout à travers le prisme du «psychique».
Quelle ne fut pas ma surprise en voyant des résultats immédiats : en 48 heures, nous avions récupéré un contact visuel et en trois semaines, Matteo avait arrêté de se fracasser la tête et était plus calme au niveau comportemental. Là, on s’est dit qu’on tenait une piste.
Nous avons donc contacté l’Autism Research Insitute qui nous a renseigné un médecin spécialisé dans la prise en charge biomédicale de l’autisme et nous avons démarré les traitements. Alors qu’il avait l’air en parfait santé, Matteo avait des carences en tout (vitamines, minéraux, acides gras), des infections chroniques virales, bactériennes, fongiques et présentait un important stress oxydant avec des marqueurs élevés d’inflammation, une forte intoxication au plomb et au mercure (ceci étant peut-être dû à six amalgames dentaires placés alors que j’allaitais encore). En réalité, c’est le tableau classique de tous les enfants qui présentent des troubles du développement.
En quoi consistent exactement ces traitements dits «bio- médicaux» ?
C’est un terme générique utilisé aux États-Unis pour désigner une prise en charge de l’autisme qui va au-delà des habituels psychotropes.
Il s’agit d’améliorer le métabolisme et le fonctionnement nerveux et cérébral par l’alimentation, la nutrition, la détox et/ou certains protocoles médicamenteux. Ce sont des traitements individualisés car, en réalité, il n’y a pas de «protocole» biomédical.
Globalement, l’approche consiste à supprimer les facteurs d’agression et de stress chronique pour soulager l’organisme. Ensuite, il faut pallier aux carences nutritionnelles, combattre les infections et diminuer les états inflammatoires. On s’emploie aussi à corriger ou soutenir les déficiences génétiques ou métaboliques, si c’est possible. Enfin, si nécessaire on procède parfois à une désintoxication des métaux, appelée chélation.
Il s’agit d’une prise en charge globale, car tout interagit dans le corps. Par exemple, nous savons qu’il y a des neurotransmetteurs dans l’intestin (voir schéma ci-dessous), mais il y a encore des neurologues qui refusent de travailler avec ces données. Ils s’entêtent à ignorer ces évidences, alors que des dizaines d’études scientifiques ont été publiées sur le sujet. C’est pathétique.
Vous évoquiez précédemment la chélation, «un sujet très délicat», mais qui a été déterminant dans le traitement de votre fils. Pouvez-vous nous en dire un peu plus là-dessus ?
Oui, la chélation a été une phase cruciale du traitement de Matteo. Je me souviens que c’est à ce moment que j’y ai vraiment cru. J’ai eu l’impression que «le voile de l’au- tisme» commençait à se lever. Dans les premières phases du traitement, son comportement s’était beaucoup amélioré, mais avec la chélation j’ai vraiment vu une différence au niveau des interactions sociales et verbales.
Cela dit, c’est effectivement délicat d’en parler. Ne rien dire, serait manquer d’évoquer une opportunité majeure d’amélioration et en même temps c’est difficile parce que la chélation n’est pas sans risques. Pour moi, ce n’est à mettre en œuvre, que si cela s’avère encore nécessaire, après d’autres interventions et toujours sur avis et avec un suivi médical. Beaucoup de personnes me contactent en espérant que je vais leur livrer «le protocole» qui a réussi pour mon fils, l’intervention miracle, la bonne recette qui pourrait régler le problème au plus vite. C’est bien normal. Mais je suis obligée de leur expliquer qu’il s’agit d’une démarche globale, qu’il y a généralement d’autres priorités et que chaque traitement doit être envisagé au cas par cas.
Nuancer l’information et les attentes
C’est là que le travail d’information doit être très nuancé. Parce que les demandes et les attentes des familles sont énormes. Souvent ce sont des personnes pour qui ces approches sont entièrement nouvelles et qui ne savent par où commencer. Ou elles sont confrontées à des avis très différents et ont besoin d’éléments supplémentaires pour s’orienter, notamment le facteur de risque. C’est très important de se demander si un traitement peut-être dangereux ou pas pour la santé. Il est aussi nécessaire de comprendre les démarches qui sont proposées.
Personnellement, je peux parler de la recherche, des différents types de traitements proposés, ce que l’on en dit et je peux également citer des exemples concrets tirés de mon expérience personnelle ou de celle d’’autres parents. Je ne suis pas là pour dire ce qu’il faut faire, par contre j’ai envie de leur donner des pistes pour qu’ils soient acteurs du bien-être de leur enfant, pour qu’ils puissent reprendre les choses en main.
Beaucoup de parents doivent véritablement se battre pour qu’on les écoute dans l’accompagnement de leur enfant. On les considère encore souvent comme incompétents, s’ils ne sont pas déjà culpabilisés par rapport à la situation de leur enfant. Il faut leur rappeler que la plupart du temps quand un enfant s’en est sorti, c’est avant tout grâce au dévouement exceptionnel dont ses parents ont fait preuve.
Qu’avez-vous envie de dire en conclusion ?
Une des choses qui m’attristent aujourd’hui énormément dans la manière d’aborder le problème de l’autisme, c’est que l’on est dans une bagarre où les partisans des diffé- rentes écoles semblent passer plus de temps à essayer de combattre leurs opposants plutôt qu’à collaborer. Il est affligeant de voir un tel radicalisme dans la prise en charge, alors que par ailleurs on prêche l’intégration, l’inclusion, l’acceptation de la différence !
Médecins et scientifiques de toutes les disciplines devraient discuter sur tous les moyens de collaborer ensemble pour la recherche et, surtout, ils devraient observer les faits et écouter les parents. Dans ces nouvelles approches, la plupart des avancées se sont faites grâce à une collaboration étroite entre médecins et parents, voir par des médecins qui ont eux-mêmes un enfant autiste.
Nous avons parlé ici de l’approche biomédicale, mais à côté il y a toutes les autres thérapies et là aussi, il y a des choses à revoir. Il y a par exemple un besoin énorme au niveau de l’accompagnement des parents pour soulager leur souffrance et les aider concrètement à devenir l’acteur principal de la guérison de leur enfant, tout en respectant leur choix thérapeutique.
Au lieu de cela, on cherche sans cesse à leur imposer des voies de traitement. Qu’est-ce qui interdit de faire appel à différentes méthodes ? De pratiquer l’ABA et du RDI, ou la méthode Denver, ou Sonrise ou 31, ou de consulter un psychothérapeute en même temps ou de manière consécutive. J’entends même souvent des cas où les parents ont adapté l’une ou l’autre méthode ou un mix aux besoins spécifiques de leur enfant. On parle d’inclusion, d’accepter la différence de perception et de comportement, tout en adoptant une attitude intégriste. C’est un comble.
Il faut vraiment qu’une prise de conscience et une responsabilité collective aient lieu. Il est indispensable de replacer la personne au centre de la prise en charge, de se mettre à son service. Et c’est aussi une question politique et sociale. Soit on accepte de voir que l’augmentation de l’autisme est liée à des facteurs environnementaux et on prend la situation en main, soit on assume les conséquences d’avoir une partie croissante de la population en situation de handicap. L’autisme a beaucoup de leçons à nous donner, il est temps de les écouter.